jeudi 21 juillet 2016

UN ARTICLE DU RECATAIRE CONCERNANT LE NOM DES RUES ET PLACES DE NOTRE VILLAGE et UN DOCUMENT de 1868


A propos des noms de rues et autres toponymes aiguezois





Dans un précédent compte rendu du conseil municipal est abordé le projet de "baptême des noms des voies et quartiers de la commune, s'appuyant sur les anciennes appellations". Il s'agit bien sûr d'une initiative louable, qui, si elle est bien conduite, remettra enfin au goût du jour les véritables noms de nos rues et quartiers. En effet, on a vu fleurir au fil du temps quelques noms qui, petit à petit, se sont inscrits comme authentiques, mais qui en réalité ne le sont pas.

Certaines de ces appellations sont acceptées depuis fort longtemps, ce qui a pour effet de leur donner une pleine légitimité, d'autres ont été adoptées depuis peu.



Au contraire, de nombreux toponymes ont été abandonnés depuis très longtemps et des rues ou impasses restent sans nom. En ce qui concerne les quartiers en dehors des murs, cet abandon est dû au fait qu'autrefois les terres cultivées étaient beaucoup plus morcelées, ce qui impliquait également beaucoup plus de noms pour désigner les quartiers. Dans le village ce sont diverses causes qui ont créé l'oubli : défaut d'écrits, absence de transmission orale...



Pour ce qui est des appellations communément acceptées, il faut citer par exemple le "Portail Haut" et le "Portail Bas" (Ce dernier tendant à disparaître à son tour). Ces noms n'existent dans aucun document d'archive. Les noms originels étant pour le premier "Le Portail Soubeyrant" pour le second "Le Portail de la Font". Le troisième portail qui permettait d'entrer dans l'enceinte était "Le Portail de l'Escale". Il existait un quatrième portail sous la tour de l'ancienne maison commune appelé "Le Portail de l'église", mais celui-ci ne permettait pas, semble-t-il, de sortir de l'enceinte mais seulement de rejoindre la placette de l'église.



Pour les rues on relève dans les anciens textes, par exemple, la "Rue des Merlets" (remparts) qui permettait de sortir du Castelas pour rejoindre la Grand-Rue. Egalement la "Rue des Ortets" (jardins) qui est l'impasse derrière l'ancienne Auberge Sarrazine, qui permettait de joindre les jardins sous les tours. On trouve la "Rue des Barnoins" qui donnait accès au quartier des Barnoins (On n'écrivait pas encore Barnouin) aujourd'hui baptisée Combe des oiseaux... On ne trouve sur les anciens compoix aucune famille de ce nom habitant ici, ce qui permet de donner une grande ancienneté à l'appellation, rappelant qu'ici vivait au moyen-âge, une ou certainement plusieurs familles de ce nom. On trouve aussi, dans les documents, le quartier du "Paradis", nom encore en usage chez les anciens et qui a donné son nom à un excellent vin ! C'était en réalité le nom d'une ancienne tour défensive du Portail de la Font. Cette tour se trouverait aujourd'hui à quelques mètres devant la fontaine St Roch, au milieu de la place. Elle servit un temps pour la première horloge du village puis fut détruite vers le milieu du 19ème siècle.



En 1868 il fut fait "défense aux habitants de ne jeter aucune bête morte depuis le Castelas, le Peyrolas et le Soubeyrant". Si la première et dernière appellation sont bien connues, au contraire Peyrolas (pierre qui roule) est assez énigmatique, mais semble désigner le Castelas nord, au bout donc de la "Rue des Merlets".



Pour la Rue du Barry (mur d'enceinte), on disait, avant que ne soient construit les nombreux bâtiments le long des remparts, "Derrière le Barry" ou "Tras le Barry", car il n'y avait ici aucune rue mais seulement les anciens fossés défensifs. La logique voudrait aujourd'hui que l'on inverse la Rue du Vallat avec la Rue du Barry, le vallat ne s'étant en effet jamais trouvé à l'intérieur de l'enceinte... Mais l'erreur perdure depuis très longtemps et il serait mal vu de la corriger !

Derrière le Barry se trouvait "Las Parrans" avec ses nombreux jardins, et en haut la "Callade". Cette dernière appellation désignant le chemin autrefois calladé descendant du Giet, chemin qui causa de nombreux soucis aux municipalités successives car très souvent détérioré par les eaux... (ce qui explique le calladage).

Il y avait encore "Le Desteil" ou "Desteil de la Font", quartier où se trouve aujourd'hui le lavoir, et le "Vallat du Desteil" qui est le point principal d'évacuation des eaux du village en cas d'orage... Ce vallat fut désobstrué durant le haut moyen-âge afin de baisser le niveau de la nappe phréatique, travaux encore visibles sur la roche à la "Fonquette" aussi appelé "Dibalen".



Il faut noter également, dans le village, la Fontaine appelée "Le Griffon", laquelle, maintes fois réparée, coulait à deux tuyaux les eaux captées à la Callade. Cette fontaine se trouvait sous le cimetière, un bassin attenant permettait aux troupeaux de s'abreuver.



Il y avait la "rue du four commun", aujourd'hui transformée en placette face à l'actuel restaurant "Chez David". Comme son nom l'indique, se trouvait ici un bâtiment abritant le four banal, il fut détruit au 19ème pour une cause que les documents taisent...



Pour les places, il y en avait trois: "La Place" "La Placette" et la "Place de l'église".

La première était la place principale et se trouvait au milieu de la Grand-Rue, c'était le centre du village. Le puits communal, aujourd'hui disparu, se trouvait là, lieu principal d'échanges et de rencontres.

La seconde place, appelée "Placette" était, et se trouve toujours, près de l'hôpital.

La troisième, où se tenait par beau temps les réunions du conseil (l'ancienne mairie était minuscule), était, comme son nom l'indique, au devant l'église, où se trouve aujourd'hui l'olivier.

La "Place du jeu de paume" ne fut créée qu'au 19ème siècle sur les anciens fossés du château. Le jeu de paume se pratiquait anciennement dans ces fossés. La vente et destruction des remparts en 1830 ouvrit le village à l'ouest, déplaçant ainsi le centre du village.



En dehors du village il existait un nombre important de toponymes, seule une petite partie est encore en usage. Heureusement les archives sont encore présentes pour nous rappeler ces noms oubliés, ces mots chargés d'histoire. En voilà quelques uns pris au hasard: Colline des Espigeaux, Coste-belle, Four de Saint Thomas, Frappy, Hière d'Huguet, Las Lobières, Obradoux, Pras de la Telle, etc, etc...



Les archives peuvent nous renseigner sur les toponymes couvrant l'ager, mais très peu sur ceux situés dans les communaux. Ces communaux couvrent plus de la moitié de notre territoire et possèdent également une multitude d'appellations qu'il serait bon de répertorier. Certaines de ces appellations tombent dans l'oubli, comme par exemple "La Font de la Noire", "Le Gour du Riquette", "Le trou de Paroche", "La montée de Ronze". D'autres au contraire sont nouvelles, souvent sortie de l'imagination de chasseurs voulant marquer un lieu. Cette évolution montrant que rien n'est fixé et que faute d'être gravé dans la pierre, couché sur papier ou transmis oralement, beaucoup de noms disparaîtront encore au fil du temps, mais est-ce bien grave...

  
Lou Récataïre


1868 - Exemple de document permettant de retrouver d'anciennes appellations"