dimanche 13 mars 2016

LES DOCUMENTS QUE J'AI RASSEMBLES POUR LE CENTENAIRE DE LA GUERRE 14 18 : 19e , 20e et 21e épisodes

 

DE BONNES SURPRISES POUR Paul FONTANILLE MALGRÉ L'HORREUR DE LA GUERRE


"17 SEPTEMBRE : relevés le soir nous allons coucher à CUMIERES. Un renfort de 500 hommes y est arrivé (parmi les quels BOUYARD, SABOTIER anciens camarades et MERCIER Marius d'AIGUEZE un ami).

Le bataillon n'ayant pas eu de grosses pertes depuis l'arrivée des renforts destinés au 23e avec ces éléments on a créé deux compagnies (21e et 22e) et on incorpore le dernier renfort dans les unités du 6e.



18 SEPTEMBRE : CRÊTE DE L'OIL où nous commençons quelques éléments de travaux. J’apprends que mon frère a été décoré de la médaille militaire pour faits de guerre. J'en suis content et fier ! 



Le soir ordre de nous porter au bois des corbeaux et dans la nuit ordre aux 3e et 4e compagnies d'aller occuper FORGES. Ma section est encore en avant-garde. Je traverse le village sans difficulté et je m'installe à la sortie en appliquant toutes prescriptions réglementaires (petites portes, sentinelles, barricades, mot de passe, signaux de reconnaissance, etc...) Je passe une nuit éveillé, il pleut, on grelotte.



19 SEPTEMBRE Ordre d'évacuer FORGES et de rejoindre CUMIERES. Pendant ce repli nous recevons quelques coups de feu.

CUMIERES à 14h, les autres unités sont parties à FROMEREVILLE où nous devons les rejoindre. Cantonnement à FROMEREVILLE, où le paysan nous insulte parce que nous couchons sur sa paille. Ajoutant qu'il préférerait avoir affaire aux Allemands !"

SITUATION RELATIVEMENT CALME JUSQU'AU 29 OCTOBRE "la stabilisation du front se précise. La guerre devient un peu moins pénible qu'au début, mais ce n'et pas par ce procédé qu'elle finira bientôt."


"En traversant ESNES, des soldats nous avaient dit qu'il avait passé des troupes toute la nuit. Tout cela semble indiquer que nous allons faire une attaque. En effet on nous communique que nous allons attaquer le bois de FORGES. L'heure H sera donnée par la descente d'un ballon (saucisse) en observation derrière nous.

Le ballon descend , il est 8h30 l'artillerie ouvre le feu, nous avançons jusqu'au MORTHOMME . On nous fait mettre baïonnette au canon (exagération : les lignes ennemies sont approximativement à 2 km!) De MORTHOMME, le terrain descend jusqu’au ruisseau de FORGES en terrain dénudé.

Les allemands sont installés de l'autre coté du ruisseau, en haut des pentes et on distingue leurs tranchées à la lisière du bois. Les allemands nous canonnent au passage de la crête de MORTHOMME."


  Extrait de l'Historique du 6e bataillon alpin de chasseurs à pied  
  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6226880w/f9.image


"Le capitaine FAULCONNIER revenu participe à cette attaque. La descente sur le ruisseau s'opéra sans grande casse. Le génie devait avoir établi des passerelles, mais rien n'a été fait du moins dans notre secteur et nous passons dans l'eau ou sur des moyens de fortune pour nous déployer de l'autre coté.
Les allemands qui avaient un champ de tir plongeant superbe déclenchent toute leur artillerie, mitrailleuses, fusils dès ce passage.
La 3e Compagnie en deuxième ligne de départ est en ce moment en première ligne en liaison à gauche avec le 40e R.I. Nous progressons par bonds de section par échelons, mais les balles sifflent. A droite les autres font de même. La 22e Compagnie arrive presque aux tranchées allemandes. Nous, nous en sommes encore à près de 300m (question de dispositif des tranchées ennemies), plaqués à terre."

UNE CHARGE HAUTEMENT PÉRILLEUSE PENDANT LAQUELLE FONTANILLE DEVRA FAIRE PREUVE D'INITIATIVE

"LE CLAIRON SONNE LA CHARGE. Toutes les unités s'élancent, je pousse ma section 100m en avant de la compagnie et près des lignes allemandes.
Les 1ere, 5e et 22e à ma droite, plus près encore que moi des lignes sont accueillies particulièrement par des rafales d'obus de gros calibre qui les stoppent net.A ce moment, ces unités se débandent un peu et commencent à se replier. Seul en pointe je décide de ramener ma section (qui s'était plaquée) à la hauteur des autres sections qui elles-mêmes avaient suivi le mouvement de repli des autres unités.
Finalement tout le bataillon se retrouve de l'autre coté du ruisseau, mais en désordre. Dans ce mouvement de repli, je ramène ma section en ordre, au pas, malgré les balles car nous sommes fatigués et surtout émotionnés par la situation de nos camarades de droite dont nous avons vu des hommes projetés enl'air par les gros noirs allemands qui les accompagnaient encore dans leur mouvement de repli.
L'assaut ayant été donné à 16h,il fait nuit quand nous nous retrouvons de l'autre coté du ruisseau. Mais des blessés sont restés sur place, on les entend crier. On fait appel à des volontaires pour aller les chercher. 
Sans ordre, sans liaison, le capitaine décide de rentrer avec la 6e Compagnie qu'il avait rassemblée également à ESNES. Je me dévoue pour aller prévenir les brancardiers volontaires de ce mouvement. Avec la nuit je ne les trouve pas. Je n'entends plus crier. Je rejoins la compagnie. 4 obus tombés à mes cotés n'avaient pas éclaté !


En route sur ESNES nous trouvons la 1ere et la 2e compagnies qui ne savent pas où est le Commandant. A ESNES nous apprenons que le commandant est resté au moulin de RABECOURT avec les 21e et 22e compagnies où nous devons les rejoindre.

Demi-tour, exténués nous rejoignons quand même.

Les 1ere et 2e compagnies arrivent dans la nuit. Sans nouvelles des 4e et 5e. Le Ccommandant est furieux.
Pas de ravitaillement, appel aux vivres de réserve. Nous essayons de dormir dans un champ d'avoine non fauché."



Toute la nuit les brancardiers évacuent des blessés sur ESNES. La 22e compagnie a particulièrement souffert. Son Capitaine (DE BRAUNKER) a été tué. Nos brancardiers volontaires rejoignent le lendemain. Ils n'ont plus retrouvé leurs sacs (probablement pillés !)

L'impression générale est que nous avons du mal à déloger les allemands de leurs positions car ils ont déjà organisé le terrain et posé des barbelés que notre artillerie n'a pas détruit. Elle n'en avait pas les moyens d'abord et ce rôle ne lui avait pas encore été dévolu.



La ligne du ruisseau est toujours bombardée. Si les allemands nous avaient poursuivis, avec la pagaille dans laquelle nous étions le 29 au soir, ils l'auraient eu belle.

Le Commandant est furieux après mon capitaine et les autres unités. Il s'était fait répéter plusieurs fois l'ordre d'avancer. Nous aurions dû rester accrochés au terrain, tout au moins au ruisseau. Il avait raison.



Le 30 Octobre au matin,les 21e et 22e Compagnies tenant le ruisseau, les quatre autres compagnies sont portées vers le bois des CORBEAUX à l'abri d'un mouvement de terrain où nous passons la journée à creuser des trous de tirailleurs. Le soir, relevés par des fantassins, nous gagnons BETHLAINVILLE où nous cantonnons."

FONTANILLE EST CITE A L'ORDRE DU BATAILLON ET DE LA DIVISION 


"Sur la demande du Sous Lieutenant BEGHIN, puis du capitaine, ma conduite dans la journée du 29 Octobre me vaudra une citation à l'ordre du Bataillon (1er ordre paru) transformée ensuite apr le général en ordre de la division.



NOTA : le Sous Lieutenant BEGHIN était réellement malade depuis quelques jours et n'avait pas voulu se faire évacuer. Je ne sais pourquoi à al suite de l'attaque le Commandant lui en voudra. En tout cas il disparaîtra pour toujours du Bataillon et je ne saurai jamais ce qu'il est devenu. Personnellement je regrette cet officier.



Le 31 Octobre enterrement du capitaine DE BRAUKER.

Revues. Le cantonnement est bon. On se refait. La 22e Compagnie est dissoute et ses éléments répartis dans les autres unités pour combler les vides."




 Extrait de l'Historique du 6e bataillon alpin de chasseurs à pied  

  http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6226880w/f9.image


Cumières est une petite commune de 840 Habitants, du nord-est de la France, située dans le département de la Marne et de la région Champagne-Ardenne



Esnes-en-Argonne est une commune française de 132 habitants située dans le département de la Meuse et la région Lorraine
Nécropole nationale
d'Esnes-en-Argonne


CommuneEsnes-en-Argonne
DépartementMeuse (55)
Surface (M2)33.985 m2
Nombre de sépultures6661
Relevé MémorialGenWebRelevé n° 30253
Les Forges (ou ru des Forges) est une rivière française qui coule dans le département de la Meuse. C'est un affluent de la Meuse en rive gauche.


image d'une offensive en 1918


 


C'est ainsi que j'ai trouvé des documents m'apprenant que mon grand-père Camille VINCENT ne donnait plus signe de vie en JUILLET 1915. Son épouse, ma grand-mère a effectué des démarches pour avoir de ses nouvelles :

1ere ETAPE DES RECHERCHES Juillet 1915 : UNE LETTRE AU MINISTÈRE DE LA GUERRE  qui répond officieusement que Camille est prisonnier de guerre







Il s'agit de "renseignements officieux". Il est précisé qu'il est tombé aux mains de l'ennemi et est en position de "prisonnier de guerre" à "MONTMEDY" enfin qu'il n'a pas été blessé.

puis une DEMANDE AU CENTRE DE MOBILISATION DE PONT St ESPRIT QUI REPOND LE 19 JUILLET 2015 :





2e ETAPE DES RECHERCHES : NOUVELLE DEMANDE AUPRÈS DE LA MISSION CATHOLIQUE SUISSE EN FAVEUR DES PRISONNIERS DE GUERRE de FRIBOURG réponse datée du 29/07/1915





Réponse du 29/07/1915 : sous réserve du témoignage de camarades du disparu.  
"ils déclarent que votre mari est prisonnier de guerre en pays occupé, il est en bonne santé"
On ignore où il se trouve.




3e ETAPE UNE DEMANDE A l'"AGENCE DES PRISONNIERS DE GUERRE"



Réponse par UNE CARTE DE l'Agence de prisonniers de guerre "LES NOUVELLES DU SOLDAT" datée du 4/08/1915 : pas de nouvelles du soldat Camille VINCENT. Conseil de consulter LA CROIX ROUGE INTERNATIONALE DE GENÈVE  


.


4e ETAPE UNE DEUXIÈME RÉPONSE: UNE NOUVELLE CARTE DES "NOUVELLES DU SOLDAT" 12 Octobre 1915 qui CONTIENT CETTE FOIS CI DES PRÉCISIONS IMPORTANTES :

le soldat VINCENT Camille de St Martin d'Ardèche 255e Régiment d'infanterie, 24 Compagnie matricule  012504 Classe 1900 disparu le 20 JUIN 1915 au BOIS DE LA GRURIE se trouverait interné à BERLIN.







5e ETAPE : UNE RÉPONSE DE L'AGENCE INTERNATIONALE DES PRISONNIERS DE GUERRE  CROIX ROUGE GENÈVE du 25/08/1915 qui précise que Camille VINCENT ne figure pas sur les listes de prisonniers, de blessés ou de décédés.




6e ETAPE : UNE CARTE DU PRISONNIER Datée du 10 juillet 1915
 puis une lettre du  2 NOVEMBRE 1915 







on imagine la détresse de la famille qui recherche avec des moyens limités la trace du père, du mari disparu.


7e ETAPE DE LA RECHERCHE :  DE LA CROIX ROUGE INTERNATIONALE DE GENÈVE du 2/2/1916





VINCENT Camille fait prisonnier en ARGONNE , soldat au 255e RI "signalé actuellement au CAMP DE PRISONNIERS" de LIMBURG en Allemagne.

NOUVELLE LETTRE (reproduite en partie seulement) du 16 FEVRIER 1916





Camille est bien prisonnier au camp de LIMBURG

 

Outre les anecdotes nombreuses et passionnantes racontées avec passion et sincérité, Jean FABREGUE chez qui je suis allé pour parler de la Guerre de 14-18, il m'a permis de photographier un OBUS ALLEMAND qui a été sculpté par le grand-père de son épouse Gisèle ainsi qu'une gourde de soldat.

Je vous les montre avec le plus de précision possible. Vous pouvez double cliquer pour avoir une vue précise (notamment pour l'obus allemand de 1915)







on peut lire nettement : FEVRIER 1915 PATRONE FABRIK KARLSRUHE


une gourde métallique. Il manque la courroie de transport.

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